Demi-journée d’étude : Travail, précarité et résistances : expériences brésiliennes

20 février 2025, 14h-17h salle 209, Bâtiment Olympe de Gouges

L’objectif de cet après-midi d’étude sera d’approfondir nos connaissances sur le travail, la précarité et les résistances vécues au Brésil dans les relations au marché du travail. C’est notamment en pensant la place de l’humain au sein de ce marché, la gestion quotidienne des dettes et les pratiques du care comme résistance que nous pouvons observer de plus près les mécanismes de domination du capitalisme. Au centre de notre question se trouve ainsi le besoin d’emploi qui met l’individu en situation de vulnérabilité due au manque de protection sociale au Brésil. Pour comprendre la précarité, l’on doit donc envisager que ce sont des rapports sociaux qui gouvernent ces tensions autour des personnes, au-delà de simples relations économiques désincarnées. Et le Brésil constitue un terrain particulièrement illustrant puisque 39 % des travailleuses et travailleurs n’y possèdent pas de contrat de travail. Dans leur quotidien, les incertitudes quant à l’emploi et la conséquente instabilité de la vie quotidienne plongent un grand nombre de Brésiliennes et Brésiliens dans la précarité tandis que les plus riches tirent profit de ce système néolibéral.
Nous tenterons ainsi de mieux entendre comment ce marché du travail met les Brésiliens dans la précarité et comment peuvent-ils y résister.

Les trois jeunes chercheurs et chercheuses qui interviendront présenteront quelques-uns des résultats de leurs thèses ayant pour cadre ces questions et ce contexte brésilien.
C’est en appréhendant les évolutions politiques récentes du marché du travail brésilien qu’Eduardo Rezende Pereira nous permettra de mieux comprendre la situation actuelle des travailleuses et travailleurs. Il envisage la réalité du travail ubérisé pour explorer de quelle façon les outils du syndicalisme peuvent répondre à la précarité que ces emplois engendrent.
Nous essaierons alors d’observer plus attentivement comment les individus se retrouvent piégés dans cette dynamique de domination qui leur est préjudiciable. C’est ce que Timothée Narring nous propose. Il porte un regard ethnographique sur la question des dettes personnelles et familiales et le rapport au travail que leur remboursement implique.

Sarah Luiza de Souza Moreira mettra l’accent sur les résistances ancrées dans le travail de care. Elle étudie donc une précarité vécue comme une lutte quotidienne chez des agricultrices qui s’inscrivent dans leurs territoires urbains ou ruraux pour s’organiser.

Programme :

14h Accueil et cafezinho
14h15 Présentation – Introduction : Yohann Lossouarn (CESSMA – UPC)
14h30 Eduardo Rezende Pereira (Université de Campinas [Brésil] – Laboratoire Triangle/ENS [France]) : « Précarisation sociale du travail et syndicalisme : les trajectoires et les changements récents dans le marché du travail brésilien »
15h Timothée Narring (IRD – CESSMA) : « Travailler pour la dette : une ethnographie des milieux populaires de Vitoria (Brésil) »
15h30 Cafezinho
15h50 Sarah Luiza de Souza Moreira (Université Fédérale Rurale de Rio de Janeiro – Centre de Recherche Genre et Ruralités) : « Résistance des agricultrices au Brésil face à la précarité de la vie – pratiques du care depuis les territoires »
Discussion : Isabelle Hillenkamp (IRD - CESSMA), puis échange avec le public
Organisation : Yohann Lossouarn (ylossouarn@gmail.com)