Présentation
Voir le compte rendu paru dans Le Monde du 31 janvier 2017.
L’emploi apparaît plus que jamais rattrapé par ses marges. Fragilisation de la norme de l’« emploi typique », multiplication des statuts d’activité, développement de « zones grises » entre travail dépendant et indépendant, l’emploi semble quitter les catégories juridiques commodes qui permettaient de le saisir. Le brouillage de ses formes correspond pourtant moins à une « fin du travail » qu’à une extension du domaine de l’activité faisant l’objet d’échanges marchands, ceci à la frontière du travail et du non-travail, du chômage et de l’emploi, du domestique et du professionnel. C’est la dynamique des rapports entre centres et marges que le numéro de la Revue française de socio-économie propose d’éclairer.
Aborder l’emploi par ses marges permet de questionner les recompositions de la mobilisation du travail dans des économies mondialisées, celles-ci prenant appui sur des formes d’organisation toujours plus réticulaires et sur des activités dont l’horizon temporel est sans cesse raccourci. Loin de s’apparenter à un démantèlement du salariat, les articles du dossier montrent au contraire que les recompositions à l’oeuvre témoignent de son extension au-delà et en dépit des cadres juridiques et conventionnels préalablement institués. Qu’il s’agisse du travail indépendant, du travail intérimaire en contexte frontalier, du travail mobilisé dans le cadre de relations de sous-traitance, ces contributions explorent l’étendue des recompositions à l’œuvre tant dans les pays du Nord que du Sud, tant dans l’emploi public que privé, et tant dans la sphère productive que « reproductive ».
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