Doctorante en sociologie-anthropologie – Université Paris Cité
UMR CESSMA – UMR IMBE
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Sujet de Thèse
Genre, ethnicité et gestion de la biodiversité : hiérarchies de savoirs et résistances dans une communauté quilombola* au Brésil
*Dont les membres se reconnaissent comme descendant·es d’esclaves noir·es et revendiquent des droits collectifs, notamment territoriaux.
Directeur de thèse :
Isabelle Hillenkamp (CESSMA, IRD) et Irene Teixidor-Toneu (IMBE, IRD)
Résumé de thèse
Ce projet doctoral vise à comprendre, de manière transdisciplinaire comment les hiérarchies de savoirs et les usages des espaces se co-construisent et s’influencent mutuellement, en fonction des dynamiques locales, économiques, écologiques et politiques au sein de la communauté quilombola de Ribeirão Grande e Terra Seca, dans la municipalité de Barra do Turvo, au sud-est du Brésil.
Ce territoire est traversé par des dynamiques complexes : superposition des contraintes sur les pratiques locales, induites par la mosaïque d’aires de conservation dédiées à la préservation de la forêt Atlantique ; luttes toujours actuelles pour la reconnaissance des terres quilombolas ; expansion de l’élevage de buffles et projets de compensation environnementale ainsi que la coexistence de différentes manières d’occuper et de gérer l’espace — élevage extensif, agroforesterie, pratiques agricoles traditionnelles. Ces dynamiques influent sur les rapports sociaux et les formes d’organisation collective, notamment les rapports de genre.
Historiquement, les femmes ont joué un rôle central dans la reconnaissance politique des communautés et dans le développement de l’agroforesterie comme stratégie de résistance. Pourtant, elles ont été progressivement marginalisées à mesure que ces pratiques se sont institutionnalisées et marchandisées. En réponse à cette invisibilisation croissante, elles se sont mobilisées au sein du RAMA (Réseau Agroécologique de Femmes Agricultrices), soutenu par l’organisation féministe SOF, ce qui a contribué à revaloriser leurs savoirs et leurs pratiques.
Plus largement, ces dynamiques locales reflètent des processus structurels de hiérarchisation et d’invisibilisation des communautés locales et, en particulier, des savoirs des femmes, s’exerçant notamment à travers une division sexuelle du travail qui les relègue aux tâches de reproduction sociale, invisibilisées, non rémunérées et considérées comme de simples soutiens aux activités productives masculines (Prévost 2015 ; Howard 2003 ; Siliprandi et Cintrão 2011).
Le projet s’inscrit dans une démarche transdisciplinaire et féministe, croisant socio-économie, anthropologie et ethnoécologie, afin d’analyser les interactions entre dynamiques économiques, écologiques et sociales.