Emmanuel Ntezimana
(1947-1995)
Être historien et citoyen engagé au Rwanda
Textes réunis par Florent Piton et Françoise Imbs
Emmanuel Ntezimana (1947-1995), ancien professeur à l’Université nationale
du Rwanda et doyen de la faculté des lettres, est sans doute le plus important
historien rwandais du xxe siècle. Dans les années 1990, il fut aussi l’un des
principaux acteurs des associations de défense des droits humains dans un
pays en proie à la guerre et aux massacres. En écho à ses recherches dans
lesquelles il s’était efforcé de déconstruire et désacraliser le piège ethnique,
ses prises de position citoyennes mettent en lumière l’existence d’une pensée attentive à défendre la paix et l’intégration de tous et toutes dans une
nation qui aurait pu renoncer à la violence exercée contre une partie de
sa population. Le génocide des Tutsi et les massacres d’opposants hutu en
1994 en décidèrent autrement.
Rassembler les principaux articles publiés au Rwanda par Emmanuel Ntezimana entre 1978 et 1993 est donc important, pour redécouvrir la richesse d’une démarche historienne et pénétrer, à travers lui, le milieu intellectuel rwandais d’avant 1994.
On y suit le cheminement d’un universitaire usant de sources écrites comme de traditions orales, traitant aussi bien de l’histoire ancienne que de l’histoire coloniale, interrogeant les concepts et catégories identitaires, attentif à l’usage de termes vernaculaires quoique écrivant essentiellement en français. Figure incontournable pour qui s’intéresse
au Rwanda, Emmanuel Ntezimana apparaît ainsi comme une figure originale d’intellectuel et historien africain entre les années 1970 et 1990.
Florent Piton est docteur en histoire de l’Afrique de l’université de Paris et membre
du laboratoire CESSMA. Ses recherches portent sur l’histoire sociale et politique du
Rwanda contemporain et sur le génocide des Tutsi.
Françoise Imbs est docteur en géographie de l’université Paris X Nanterre (1982).
Ses travaux portent sur la géographie rurale du Burkina-Faso et du Rwanda.